Il s'agit d'un des concepts clés que proposait l'auteure féministe Betty Friedan dans son premier livre, intitulé The Feminine Mystique, qui fut publié le 19 février 1963, il y a cinquante ans exactement aujourd'hui! Depuis, ce livre fondateur a été traduit en plusieurs langues et publié à des millions d'exemplaires. Une lecture qui devrait être obligatoire pour les filles comme pour les garçons, au secondaire ou au collège.
La section Books du Huffington Post américain publie à cette occasion un excellent article du professeur Peter Drier, sur le sujet. À lire absolument, si le féminisme ET l'histoire vous intéressent (et que vous lisez l'anglais évidemment)! C'est long, mais c'est bon jusqu'à la fin!
Titre : The Feminine Mystique and Women's Equality -- 50 Years Later
Hyperlien : http://www.huffingtonpost.com/peter-dreier/the-feminine-mystique-betty-friedan_b_2712355.html
Comme le souligne Drier, le féminisme est encore nécessaire aujourd'hui, même si le sens du terme a été pas mal galvaudé et ne signifie plus la même chose qu'au moment où fut déclenchée cette deuxième vague, grâce entre autres à la publication de The Feminine Mystique.
Une petite citation :
Ironically, because many "feminist" ideas are now taken for granted, few women today think of themselves as "feminists." According to a 2009 poll conducted by CBS News, only 24 percent of American women identify themselves as feminists. But once the word was defined as someone who believes in social, political, and economic equality of the sexes, the figure jumps to 65 percent.
En somme, nos enfants ne s'identifient pas aux mêmes luttes que nous. Normal. Ce qui est beaucoup plus triste, c'est qu'on oublie (ou qu'on prend pour acquis) le formidable héritage politique, social, culturel et humain qu'ont laissé les féministes de la génération de Friedan, et de celles qui ont suivi, dont la mienne.
Les choses n'ont pas toujours été comme elles le sont aujourd'hui, tant s'en faut! Le monde a tellement changé en cinquante ans, encore plus qu'on peut l'imaginer. On a beau diffuser des séries plus ou moins nostalgiques sur les années '60 ou '70, on a toujours du mal à peindre avec justesse le tableau de ce qu'était la vie pour les jeunes femmes que nous étions à cette époque-là.
On fait souvent allusion aux fantaisies et même aux excentricités qui ont parfois entouré nos prises de position (flower power, beatniks et compagnie). On a même inventé le mythe des soutiens-gorge brûlés (à l'origine, c'est un « mensonge » imaginé par une jeune journaliste qui voulait attirer l'attention sur le mouvement des femmes), mais on ne dit jamais vraiment comment l'avenir était bouché pour les adolescentes de ma génération, à quel point les chemins étaient tracés d'avance pour les jeunes adultes que nous étions et comme il nous a fallu déployer d'énergie, de persévérance, de ténacité et d'obstination pour renverser le cours des choses. Changer le destin de nos vies et changer le monde en même temps.
J'évoque ici le discours public, bien sûr, et c'est injuste pour les historiennes féministes qui ont fait et continuent de faire un travail formidable -- coup de chapeau en passant! Mais leurs ouvrages restent trop souvent limités aux cercles universitaires ou collégiaux. Dans la culture populaire, la marque des féministes de cette deuxième vague et de celle qui a suivi tend à s'estomper un peu trop facilement, me semble-t-il.
D'où le devoir de mémoire. Je rêve qu'avant de les oublier, nous parvenions à raconter, pour le grand public, les choses telles qu'elles se sont vraiment passées, dans le quotidien ordinaire des gens ordinaires, pour qu'au moins nos descendant-e-s sachent et comprennent le chemin parcouru, au-delà des clichés et des anecdotes frelatées.
Un rêve, quoi!
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Betty Friedan en 1960 |
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