samedi 5 janvier 2013

Carnet de voyage

Quatre jours de voyage, du Nord au Sud des États-Unis, depuis la frontière du Vermont jusqu’au beau milieu de la Floride! En résumé, de longs rubans d’asphalte qui se déroulent sur 2500 km de long, avec des paysages qui changent, des villes et des villages qui se succèdent, des noms qui se ressemblent (on revoit tout le temps les même noms de villes, de comtés, de patelins -- je reviendrai là-dessus), des montagnes, des collines, des plaines, des vallées puis, tout à coup, le bord de la mer! Alléluia!
Voici donc quelques impressions glanées au fil des heures et des jours.
La veille du jour de l’an, 31 décembre, dans un bled perdu du Connecticut, non loin de Newton, tristement célèbre à cause de la tuerie d’enfants qui s’y est déroulée il y a peu. Dans un centre commercial semblable à tous les autres, un resto tout ce qu’il y a de plus ordinaire. À la caisse, en sortant, on souhaite la bonne année au propriétaire, un gros monsieur joufflu et bedonnant, à l’air sympathique. « En tout cas, les Mayas sont encore là », nous répond-il, un peu curieusement. On comprend qu’il parle de la supposée prédiction de fin du monde du 22 décembre et on lui répond, en souriant, qu’on avait tous mal compris, le calendrier maya annonçait plutôt la fin d’un cycle et non la fin du monde!
« De toute façon, y’a rien que LUI qui sait quand tout ça va finir », dit-il, en lançant les yeux vers le plafond (ou le ciel, c’est selon). Et nous, on verra pas ça, que je lui dis, pour essayer de m’en sortir.
Les Américains m’étonnent toujours par la ferveur et l’omniprésence de leurs convictions religieuses, qui couvrent un large spectre de religions et de croyances. On trouve de tout : des catholiques, des protestants de toutes allégeances, des chrétiens, des juifs, des mormons, des témoins de Jéhovah, des pentecôtistes de la Xième heure, des musulmans, des boudhistes et quoi encore! Toutes ces églises ont pignon sur rue et s’affichent fièrement. À tout moment, les convictions religieuses surgissent pour un oui ou pour un non, au détour d’une remarque anodine ou sous la forme d’une maxime philosophisante, à propos d’un événement marquant autant qu’un d’un fait banal.
Nous sommes des êtres de paradoxe, c’est connu. Ce fort penchant pour la religion (qu’il ne faudrait pas confondre avec la foi ni la Foi) me semble faire contrepoids à un autre trait bien caractéristique de l’ours moyen americanus, c.a.d. une forme de matérialisme généralisé qui glisse parfois vers la consommation effrénée et la bébellerie érigée en dogme! D’un côté, un besoin de spiritualité qui s’exprime à travers cette sorte de conviction religieuse, de l’autre, le culte du dollar, du matériel, de la possession, qui s’étale partout et gagne presque tout le monde!

Jour de l’An 2013 – quelque part en Virgine, à Colonial Heights – nous n’avons donc pas le monopole des hauteurs coloniales! Dans le stationnement du WalMart qui nous héberge cette nuit, on côtoie des voyageurs qui descendent de Val d’Or jusqu’à Pompano pour se réchauffer les os! En vrais spartiates, ils sont au dodo à 20 h et décollent à 4 h 30 le lendemain matin! Quelle équipée!
Les Américains se plaisent à afficher bruyamment leur patriotisme et leurs opinions politiques. On voit des drapeaux américains partout, sur les édifices bien sûr, mais aussi accrochés aux maisons ordinaires, plantés dans les parterres, flottant au vent de poteaux anonymes au coin des rues ou tapissant les vitrines de magasins.
Ils aiment aussi apposer des collants d’opinion sur leurs voitures. En descendant, on en a vu de toutes sortes : quelques-uns pro-Obama, d’autres pro-Romney (les présidentielles sont récentes), en appui aux Forces Armées et aux Vétérans = Support our Troops! (bien qu’un peu moins nombreuses qu’avant, toutefois), contre le cancer et en faveur de la lutte au sida, contre la pollution et pour l’environnement. J’ai même vu un pare-chocs arborant fièrement un collant prônant le végétarisme et la crudité – Eat RAW! Décidément, on n’arrête pas le progrès! Rien vu à propos des armes à feu, cependant …

Troisième jour : 2 janvier 2013. Retour à la circulation normale après deux jours de congé. On retrouve les semi-remorques, innombrables sur les voies de circulation américaines. L’industrie du transport routier doit être bien florissante si on en juge par la quantité de transporteurs de toutes sortes, surtout les grosses vannes, impressionnants routiers qui filent du matin jusqu’au soir pour déplacer toutes sortes de produits, denrées et marchandises. Ces gens-là conduisent très bien pour la plupart, ils connaissent les routes et filent à vive allure! Mais j’aime bien les jours de fête et de congé, quand les routes appartiennent aux voitures ordinaires – c’est plus calme, moins bruyant, un peu moins stressant.
À chaque voyage, je m’émerveille de voir à quel point les États-Unis sont traversés et sillonnés en tous sens d’autoroutes magnifiques, bien dessinées, bien construites et bien entretenues. Et ça m’étonne toujours de voir qu’il y a tant de voitures qui circulent, non seulement aux heures de pointe mais à tout moment du jour, dans toutes les directions, sur toutes les routes et les autoroutes --  mais où va donc tout ce beau monde?
Autre source d’émerveillement : les conducteurs américains sont disciplinés pour la plupart et, sauf aux abords des très grandes villes, ils respectent scrupuleusement les limites de vitesse. Bien sûr, on voit parfois filer le casse-cou pressé qui se faufile de gauche à droite à travers le sage ruban d’autos qui se suivent à la queue leu leu. Mais les patrouilleurs ont tôt fait de le rappeler à l’ordre, cet énergumène!
Et des patrouilleurs, il s’en cache partout! Soudain ils apparaissent, vêtus de toutes sortes de façons puisque les uniformes varient d’un État à l’autre. Les allures varient du ranger style midwest au cowboy des plaines en passant par ceux-là qui ont l’air recyclés de la cavalerie allemande, avec leurs culottes bouffantes aux cuisses et serrées aux genoux, leurs hautes bottes de cuir et leur képi sorti tout droit d’un film sur la 2e guerre mondiale! Peu importe de quoi ils ont l’air, ils se prennent très au sérieux, les patrouilleurs, ils gesticulent de façon très convaincante et on apprend vite qu’on ne badine pas avec eux!

Allez, ça suffit pour aujourd’hui!
Demain : l’arrivée, le comité d’accueil, l’installation.
Bon samedi!

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